Sous la douche je pensais à mes mains et à ce qu’il m’avait dit sur ma manière de le toucher, avec sensualité sadique.
J’ai pensé à tout ce que mes mains étaient capables de faire et surtout de (res)sentir.
J’ai pensé à mes doigts comme des antennes et à mes paumes-paratonnerres.
J’ai pensé que le BDSM peut être tout l’inverse de ce qu’on s’imagine et donc de ce qu’on raconte, puisque les imaginaires forgent les histoires : être Dominatrice, Domina, Domme, Maîtresse, ce n’est pas exercer son pouvoir sur mais, lors de moments de grâce, se mettre au service,
au service de ce qui éclôt et se déplie,
au service de voix qui trouvent enfin l’espace pour s’exprimer,
au service de ce qui doit être, de l’abandon nécessaire et du partage qui console,
au service de plus impérieux que soi, d’un « grand tout ».
Le BDSM en prière dont moi, officiante, je ne suis qu’un mince rouage, une petite et essentielle Maîtresse de cérémonie.
Photo de Daido Moriyama.