Parfois je reçois des demandes de couples, ou plutôt d’hommes au nom de leur couple. J’explique alors que je ne domine pas les femmes devant les hommes, mais volontiers les hommes devant les femmes. J’utilise une analogie culinaire :
– Imaginons le rapport hiérarchique à la façon d’un hamburger… J’ai l’immense plaisir de vous annoncer que vous, vous êtes la tranche de pain du bas !
J’ajoute que je peux montrer à leur partenaire comment les dominer, eux, leur transmettre mes petites recettes pour qu’ils concoctent les leurs.
Toujours je demande à parler à Madame pour m’assurer de son consentement et mieux, de son désir, enthousiaste tant qu’à faire. Il est arrivé qu’elle ne soit pas au courant, oh mais que je me rassure, elle le sera bientôt. Récrivez-moi quand elle le sera, alors.
Il est arrivé que Monsieur veuille faire une surprise à Madame, oh mais que je me tranquillise, elle adore l’imprévu ! Parfait, mais imaginez la scène : Madame-Monsieur entrent chez une inconnue qui, après fait mettre Monsieur tout nu, l’humilie et le frappe sur son plancher… Quelle charmante soirée !
Il est arrivé que Madame ne soit pas si partante, oh mais vu qu’elle n’a pas dit « non » mais « peut-être » ou « oui » du bout des lèvres, Monsieur n’a entendu que « oui » (non).
Il est aussi arrivé que Madame soit au courant et partante, mais pas dans les mêmes dispositions que Monsieur. Ainsi en était-il de Théa et Maxime. Interrogés séparément sur leurs attentes et limites, le second a dit qu’il voulait « tout explorer, au maximum, à très haute intensité pour vivre une expérience inoubliable ». La première a dit qu’elle préférait y aller tout doucement, s’interrogeait sur ce qu’elle pouvait supporter que je lui fasse, à lui, et craignait les possibles répercussions sur son couple.
J’ai approuvé. Ce qu’on a vu, impossible de le dé-voir, et se créer des problèmes relationnels alors que l’idée était de s’amuser, c’est ballot. J’ai aussi songé qu’organiser une séance dans ces conditions serait compliqué et que la seule vitesse sur laquelle me régler, c’était la sienne à elle.
Ce qui me frappait, au fond, c’était le total décalage qui fait écho, dans ma tête, à des centaines d’autres histoires : un couple que l’homme souhaite ouvrir tandis que sa partenaire résiste, des infidélités répétées plutôt masculines que féminines, des disputes dans les clubs libertins – Monsieur baguenaude, Madame l’attend…
La séance n’a pas eu lieu.