Couillu !

Avec ses vingt ans et quelques, il est bien plus jeune que l’immense majorité de mes clients.
Il vient aussi de plus loin, puisqu’il a pris le train pour arriver sur mon parquet.
Il n’a pas cherché à négocier mes tarifs, ce que se permettent – certes rarement – des hommes bien plus à l’aise que lui, qui ne doit pas être riche.
Voilà d’excellentes raisons pour l’accueillir. Pour ne rien gâcher il est joli, il sent bon et il m’a dit à son arrivée :
« J’ai un petit cadeau pour vous, Maîtresse ! »
Je me demande s’il parle de ce qu’il est convenu d’appeler mon « offrande ». J’espère que non : les marques d’attention personnalisées, ça me met de charmante humeur.
– Je vous ai dit que je fais des sports de combat, Madame ?
J’acquiesce sans comprendre où il veut en venir. Il sort de son sac un emballage qu’il pose sur la table. Je le fixe sans comprendre parce que non, je ne me trompe pas, c’est bien ce que je crois, oui, c’est bien…

… une coquille à couilles.

Je manque de m’étrangler de rire.
– Euh… Vous savez qu’ici, les hommes viennent pour se faire frapper les parties, pas pour les protéger ?
Il aurait pu répondre « Tous les goûts sont dans la nature, Madame ». Il n’en a pas eu les couilles, sans doute.

Toile de Sandorfi.