Son torse est un réseau de griffures. Ses bras pendent comme des ailes dépenaillées au bout des chaînes. Quand je le regarde, si impuissant, si vulnérable, j’ai des réminiscences de Moyen Âge, « Jésus qui a été travaillé sur le croix », tripalium étymon de travail, instrument de torture à trois pieds.
Deux heures que nous sommes deux à le torturer, la Belle Dame Brune et moi, à se lancer et se relancer la balle de ses plaisirs masochistes, ses fesses sont cramoisies, ses couilles bleues, sa verge dure et sa respiration courte,
et je me glisse, chatte, le long de son oreille, la lèche et murmure « Je vais continuer à m’amuser très fort avec toi »,
et je ris, ris ris comme une enfant sadique aux yeux de source, et cette inquiétante étrangeté doit éveiller ses craintes comme jadis elle provoqua la peur.
La Belle Dame Brune, croyant que c’est lui qui se moque, lui rentre les ongles dans les couilles avant de les gifler à la volée,
« Je t’apprendrai à rire, moi ! », lance-t-elle outrée.
Il me décoche un regard d’enfant blessé pour que je me dénonce. Je me contente de rire, plus fort, en chuchotant à son oreille :
– J’adore te faire punir. Et bientôt tu vas pleurer.

Toile de Salvatore Dali.