Il vit à l’étranger, loin, et vient me voir au gré de ses déplacements professionnels. Je sais que cette fois, il arrive de la gare et non de l’aéroport, directement du train à mes pieds.
Il se présente comme la première fois, à l’heure pile, tremblant, épaules basses, sans vraiment croiser mon regard. Il a les yeux marrons, verts peut-être, j’ai oublié.
Sous certains angles son visage m’évoque celui de Benoît Magimel dans Selon Mathieu. Je ressens encore, à le contempler, cette émotion esthétique qui m’avait saisie devant ce film alors que, je me souviens, j’étais un peu amoureuse de Benoît.
Je l’envoie dans la salle de bains. Il y reste longtemps, le temps d’un déshabillage, d’une douche et d’un rhabillage, mais pas exactement en lui-même : à côté du lavabo j’ai posé un corset rouge, un serre-taille bleu et un caraco noir, des collants résille, des bas auto-fixants, un porte-jarretelles et une paire de bas nylon.
Sa mission ? Réfléchir à ce que chaque tenue autorise ou empêche et à partir de là, de décider ce en quoi il sera empêché.
Il ne comprend pas la consigne ? Tant mieux.
C’est avec le caraco noir, les jarretelles et les bas nylon qu’il se présente.
Pendant trois heures je l’attache et le baise. Fort, en crachant sur sa queue encagée et dans sa bouche. Parfois je l’empoigne par le collier pour le prendre plus fort. D’autres fois je l’oblige à rester à quatre pattes, immobile et croupe saillante, pour s’observer dans un miroir, lui ou plutôt « elle », ma petite-moyenne-grosse salope qui gravit les échelons du vice à mesure que son cul s’élargit.
Je la félicite avant de la gifler, la gifle pour mieux la cajoler, tendre, dure, injuste et attentive.
Derrière ma salope-jouet, lui a l’air égaré que donne le grand tourbillon du fantasme réalisé.
Lorsque la musique s’arrête il regagne la salle de bains, chancelant. Pendant son absence j’entrouvre les rideaux pour me remettre du rouge à lèvres et soudain, je m’entends penser : « J’ai envie de lui plaire. »
Envie de lui plaire ? Mais bon dieu, voilà des heures qu’il bande pour moi ! Et qu’après avoir traversé la moitié du globe, il se précipite dans mon donjon ! Oui, bien sûr, mais non, en fait, ce n’est pas pareil.
J’ai envie de lui plaire, moi.